Recevoir l’Ordre du Canada, qui « reconnaît des réalisations exceptionnelles, le dévouement remarquable d’une personne envers la communauté ou une contribution extraordinaire à la nation », est bien sûr un immense honneur, mais il crée un petit malaise chez le couple. « J’ai grandi à Winnipeg. Je n’avais jamais entendu parler de ce prix en grandissant, dit Kreviazuk, 40 ans. Honnêtement, je me sens encore comme cette jeune fille. Je suis qui je suis et je fais ce que je fais, et je ne crois pas que je devrais en être récompensée. Mais je suis honorée que mes choix de vie soient considérés comme dignes d’une telle mention. »
Maida est d’accord. Il ne fait pas ses actions charitables pour la reconnaissance, mais parce qu’elles lui tiennent à cœur. Il sait aussi que même s’il contribue à aider, d’autres personnes méritent le prix plus que lui. « Bien franchement, nous l’acceptons en leur nom, affirme-t-il. Je commence toujours par dire qu’on ne se lève pas le matin avec le but de sauver des vies, comme le fait notamment War Child. Vu que le travail charitable n’est pas mon occupation principale, accepter un prix soulignant mes actions en ce sens est pour moi très étrange, mais j’espère que cela attire l’attention. »
Maida et Kreviazuk se sont rencontrés en 1996, à un concert de Pearl Jam à Toronto. Il était assis juste derrière elle. Ils se sont vite liés d’amitié et en 1999, après trois ans de vie commune, ils se sont mariés. Déjà très connus à cette époque, chacun d’eux avait en poche des albums au sommet des palmarès. Depuis, ils ont aussi écrit des succès pour Carrie Underwood, Kelly Clarkson, Jennifer Lopez, Gwen Stefani et d’autres. Les deux musiciens forment une excellente équipe pour composer, mais au fond, ce sont des modèles, des travailleurs ambitieux et des parents dévoués à leurs trois enfants : Rowan, 11 ans ; Luca, 9 ans ; et Salvador, 6 ans.
L’une des raisons de leur belle réussite sur les plans professionnel et philanthropique est qu’ils ont pris soin de ne pas s’empêtrer dans la célébrité. Ils sortent sous les projecteurs lorsque nécessaire, pour performer, faire de la promotion et défendre une de leurs causes. Ils se mêlent de leurs affaires, à moins que ce ne soit pour faire une différence.
Le parcours de chacun vers l’activisme est unique. Maida se souvient d’avoir reçu une brochure de Greenpeace ainsi qu’un autocollant d’Amnistie internationale et d’avoir parlé avec leurs représentants après un concert de Peter Gabriel au Maple Leaf Gardens à Toronto. Il s’est inscrit à la liste d’envoi d’Amnistie, puis au bulletin du groupe U2, dont le contenu était très politisé et axé sur la philanthropie, se rappelle-t-il. « Je me suis toujours bien entendu avec les musiciens dotés d’une conscience sociale. Et j’avais cette conscience dès mes débuts en tant qu’artiste, précise-t-il. C’est bien sûr lorsque j’ai connu les gens de War Child que j’ai fait de leur cause la mienne. Mais j’ai toujours cru que cela faisait partie du mandat d’un artiste, d’une certaine façon. C’était essentiel dans mon travail. »