Droit au but
Chris Hadfield n’en serait pas là aujourd’hui s’il ne s’était pas autant acharné à atteindre son objectif. Il aborde sa vie après l’espace avec la même détermination. Les buts qu’il s’est fixés ne sont pas tous d’ordre professionnel. Il veut apprendre comment les conifères grandissent et se reproduisent, une information qu’il pourrait sûrement trouver sur le Net, mais Hadfield n’est pas le genre d’homme à opter pour la facilité : « Si je décidais de passer le week-end à apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur les pommes de pin, le dimanche soir, j’en serais transformé. Je me serais rapproché un peu plus de ce qui me tient à cœur. »
Hadfield, philosophe, croit dur comme fer qu’on peut repousser ses limites. « Il faut se lancer un défi, puis travailler sur soi pour se rapprocher de son but, soutient-il. Au bout du compte, on se rend compte qu’on n’est plus tout à fait la même personne qu’avant. »
« Il faut se lancer un défi, puis travailler sur soi pour se rapprocher de son but. Au bout du compte, on se rend compte qu’on n’est plus tout à fait la même personne qu’avant. »
La prochaine génération
L’astronaute s’est fixé des « milliers » de buts comme il dit, mais il y en a un qui l’occupe en particulier : poursuivre le travail qu’il a commencé à la Station spatiale. Rien à voir avec les sciences ou la navigation. Il se rend régulièrement dans des écoles où il donne des conférences sur la vie à bord de la SSI, sur ce que ces six mois dans l’espace lui ont appris sur le monde qui nous entoure, et sur les moyens de réaliser ses rêves.
Même si on se souviendra toujours de Chris Hadfield comme du premier Canadien à avoir commandé la Station spatiale internationale, ce sont ses tournées de conférences, si inspirantes et motivantes, qui pourraient laisser les traces les plus tangibles. En racontant son histoire et en partageant ses visions fabuleuses, il amène les gens à se rendre compte que tout est possible. Et plus nombreux sont ceux qui poursuivent leurs rêves, mieux nous nous portons tous : « J’estime qu’il est nécessaire d’inspirer les jeunes, qui ont tellement de possibilités devant eux. On ne peut pas améliorer notre qualité de vie sans inventions, sans nouvelles technologies, sans remettre en question ce qui nous entoure pour en repousser les frontières, mais pour ce faire, il faut inspirer les jeunes et stimuler leur créativité. » Hadfield a constaté à quel point le programme spatial a favorisé l’innovation. Il a donné des conférences dans les plus grandes sociétés technologiques, comme Twitter et Tumblr, et même si aucun membre de ces sociétés n’est devenu astronaute, tous affirment que le programme spatial les a amenés à voir grand. « Ils sont fascinés par l’exploration spatiale, ça leur trotte dans la tête et les pousse à définir leur appartenance au monde. »
Tous les astronautes ne partagent pas leur expérience comme Hadfield le fait. Il pourrait vivre une retraite paisible, mais après ce qu’il a vu dans l’espace, il ne tient tout simplement pas en place : « Je suis l’un des premiers êtres humains à avoir vécu temporairement en dehors de la Terre. Ce serait vraiment inconsidéré et égoïste de ma part de ne pas le partager avec autrui. » Il soutient qu’il accomplit quelque chose d’important en partageant ainsi son vécu : « Plus tu en sais, plus tu peux aider quelqu’un, en particulier un jeune, à prendre de meilleures décisions. »
Quelques mois se sont écoulés depuis que, en route vers le Mexique, j’ai pris place à côté de ce petit gars de 9 ans. Je ne peux m’empêcher de me demander quelle influence auront sur lui les paroles de l’astronaute. Tandis qu’il contemplait la Terre pour la première fois depuis son hublot, il a probablement éprouvé le même ravissement que Hadfield pendant son premier vol spatial. Ce gamin commence à entrevoir les possibilités qui s’ouvrent à lui, et si le pilote peut modestement contribuer à la réalisation de ses rêves, ce sera pour lui une récompense bien plus grande encore que tout ce qu’il a pu accomplir dans l’espace. « Pour les enfants, la vie est encore pleine de possibilités, dit-il, une histoire qui reste à écrire. Ils sont éveillés, ils sont curieux, alors pourquoi ne pas leur parler par Skype pendant que je dîne à la Station spatiale ? Une expérience de vie, tu ne gardes pas ça pour toi. »